Zinedine Zidane a décidé la semaine dernière de quitter le Real Madrid, à un an de la fin de con contrat.
Dans AS ce lundi Zidane s’explique après son départ précipité mais pas vraiment surprise. «Je pars parce que je sens que le club ne me donne plus la confiance dont j’ai besoin, ne m’offre pas son soutien pour construire quelque chose à moyen-long terme», a-t-il lâché.
Il dénonce notamment le président Florentino Perez. «J’aurais aimé que, ces derniers mois, ma relation avec le club et le président ait été un peu différente qu’avec un entraîneur lambda. Je ne demandais pas de privilèges, pas du tout, mais un peu plus de mémoire»
«Heureusement que j’avais des garçons merveilleux qui étaient à mort derrière moi. Quand les choses devenaient compliquées, ils me sauvaient avec de grandes victoires. Parce qu’ils croyaient en moi et savaient que je croyais en eux. Bien sûr, je ne suis pas le meilleur entraîneur du monde, mais je suis capable de donner la force et la confiance dont chacun a besoin dans son travail, joueur, membre du staff ou employé du club. Je sais parfaitement de quoi une équipe a besoin»
Le lettre complète
La lettre ouverte de Zinedine Zidane
«Chers Madridistas,
Depuis vingt ans, depuis le premier jour que j’ai foulé le sol de Madrid et que j’ai enfilé la tunique blanche vous m’avez démontré votre affection. J’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose de très spécial entre nous. J’ai eu le grand honneur d’être joueur et entraîneur du club le plus important de l’histoire, mais avant tout, je suis un Madridista de plus. Pour tout cela, je voulais vous écrire cette carte pour vous dire au revoir et expliquer ma décision de quitter mon banc.
Quand j’ai accepté de revenir, en mars 2019, pour entraîner le Real Madrid après un repos de huit mois, c’est parce que le président Florentino Pérez me l’a demandé, évidemment, mais aussi parce que vous me le demandiez tous les jours. Quand je croisais l’un de vous dans la rue, je sentais le soutien et l’envie de me voir une nouvelle fois à la tête de l’équipe. Parce que je partage les valeurs du Madridismo, ce club appartient à ses socios, à ses supporters, au monde entier. J’ai essayé de transmettre ces valeurs moi aussi, dans tout ce que j’ai fait, j’ai essayé d’être un exemple. Passer vingt ans au Real a été la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie et je le dois exclusivement à Florentino Pérez parce qu’il a misé sur moi en 2001, il s’est battu pour moi, pour me faire venir alors qu’il y avait certaines personnes qui y était opposées. Je le dis du fond du cœur, je serai toujours reconnaissant envers le président. Toujours.
Maintenant, j’ai décidé de partir et je veux bien vous expliquer les raisons. Je pars, mais je ne veux pas arrêter d’entraîner, je ne suis pas fatigué. En mai 2018, j’avais arrêté parce qu’après deux ans et demi avec tant de succès et de victoires, je sentais que l’équipe avait besoin d’un nouveau discours pour rester compétitive. Aujourd’hui, les choses sont différentes. Je pars parce que je sens que le club ne me donne plus la confiance dont j’ai besoin, ne m’offre par son soutien pour construire quelque chose à moyen-long terme. Je connais le football et l’exigence d’un club comme le Real Madrid, je sais que, quand tu ne gagnes pas, tu dois partir. Mais ici, on a oublié une chose très importante, on a oublié tout ce que j’ai construit au quotidien, tout ce que j’ai apporté en relation aux joueurs, aux 150 personnes qui travaillent pour et autour de l’équipe. Je suis un gagneur né et j’étais ici pour conquérir des trophées, mais au-delà de ça, il y a les êtres humains, les émotions, la vie et j’ai la sensation que ces choses n’ont pas été valorisées, que l’on n’a pas compris que l’on maintient aussi comme ça la dynamique d’un grand club. On me l’a même reproché d’une certaine façon.
Je veux que l’on respecte ce que nous avons tous fait. J’aurais aimé que, ces derniers mois, ma relation avec le club et le président ait été un peu différente qu’avec un entraîneur lambda. Je ne demandais pas de privilèges, pas du tout, mais un peu plus de mémoire. Aujourd’hui, la durée de vie d’un entraîneur sur le banc d’un grand club est de deux saisons, pas beaucoup plus. Pour que cela dure plus, les relations humaines sont essentielles, elles sont plus importantes que l’argent, plus importantes que la célébrité, plus importantes que tout. Il faut en prendre soin. C’est pour cela que cela me faisait mal de lire dans la presse, après une défaite qu’on allait me virer si je ne gagnais pas le match suivant. Cela me faisait mal à moi et à toute l’équipe parce que ces messages transmis intentionnellement à la presse créaient des interférences négatives au sein du groupe, créaient des doutes et des malentendus. Heureusement que j’avais des garçons merveilleux qui étaient à mort derrière moi. Quand les choses devenaient compliquées, ils me sauvaient avec de grandes victoires. Parce qu’ils croyaient en moi et savaient que je croyais en eux. Bien sûr, je ne suis pas le meilleur entraîneur du monde, mais je suis capable de donner la force et la confiance dont chacun a besoin dans son travail, joueur, membre du staff ou employé du club. Je sais parfaitement de quoi une équipe a besoin. Au long de ces vingt ans à Madrid, j’ai appris que vous, les supporters, voulez gagner, évidemment, mais surtout que l’équipe donne tout, entraîneur, staff, employés et joueurs. Je peux vous assurer que nous avons donné 100% de nous-mêmes pour le club.
Je profite aussi de cette lettre pour lancer un message aux journalistes. Il y a eu des centaines de conférences de presse et, malheureusement, nous avons très peu parlé de football et je sais que vous aussi vous aimez le football, que ce sport nous unit. Cependant, sans vouloir vous critiquer ou vous donner des leçons, j’aurais aimé que vos questions n’aient pas toujours été dirigées par la polémique, pour pouvoir parler plus souvent de ballon et avant tout des joueurs, qui sont et seront toujours les plus importants de ce jeu. N’oublions pas le football, prenons en soin.
Cher Madridistas, je serai toujours un de vous.
Hala Madrid !
Zinedine Zidane»